Caractéristiques du style Art Nouveau
Atelier Bence
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L’Art Nouveau désigne à la fois un mouvement artistique et un style qui se diffusa principalement en Europe, entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. D’inspiration anglo-saxonne, réellement consacré lors de l’Exposition universelle de 1900 à Paris et très populaire en Belgique francophone, il a reçu de nombreuses dénominations selon les pays :
Jugendstil (du périodique Jugend, fondé à Munich en 1896) ou Sezessionstil (Autriche, 1897), modernismo ou Arte Joven (en Espagne), « style des XX » (en Belgique), Nieuwe Kunst (en Hollande), Stile Liberty ou Stile floreale (en Italie), etc. L’appelation générique Modern Style a dominé durant les années 1970), en référence à son inspiration anglaise (elle était également utilisée par ses détracteurs en France, au début du XXe siècle), avant que l’expression d’origine belge « Art Nouveau » ne lui soit préférée pendant les années 1980, eut égard au nombre important d’œuvres que compte ce pays.
L'Art nouveau, qui correspond principalement, en France, à la période de la « Belle Époque » (1890 – 1914), peut être caractérisé d'« art néo-baroque » ( R. L. Delevoy ) européen : il s'oppose en son temps aux néo-classicismes allemand et français alors tenus en haute estime par les élites et par les marchands d'art. Parce qu'il a été éphémère et déprécié, de nombreuses œuvres de l'Art nouveau ont disparu pendant la seconde moitié du XXe siècle, victimes notamment de la spéculation immobilière, comme à Bruxelles. Il connaît aujourd'hui un certain regain d'intérêt de la part du public.
Histoire
Même si l’idée d’un « art moderne » rompant avec le néo-classicisme alors dominant et d’un art qui serait « pour tous » avait débuté quelques années, voire quelques décennies plus tôt (en Grande Bretagne avec le mentor de William Morris, John Ruskin, ou en France avec Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc) l’expression est lancée en 1881 par la revue belge L’Art moderne, pour désigner toutes les productions artistiques qui rejettent l’académisme et qui se veulent représentantes de la modernité.
En France, le 26 décembre 1895 Samuel Bing réouvre une petite boutique située au numéro 22, rue de Provence, à Paris, du nom de L’Art nouveau. Y exposeront de grands noms, considérés aujourd’hui comme les pères de l’Art Nouveau : Munch, Rodin, Tiffany ou encore Toulouse-Lautrec.
Cependant, les centres de l'Art Nouveau demeurent en Belgique et en Lorraine : dans les domaines de l'architecture et de la décoration d'intérieur, Bruxelles est durablement imprimée de la marque du modernisme : il faut citer parmi les premières réalisations, l'hôtel Tassel de Victor Horta et la maison personnelle de Paul Hankar.
En France, plus que Paris, c'est la ville de Nancy qui est le véritable centre de développement du mouvement. Cette dernière, en effet, a accueilli nombre d'artistes français refusant l'administration allemande héritée de Sedan ; de 1890 jusqu'en 1914, sous l'impulsion d'Émile Gallé, des frères Daum ou encore, de Jacques Grüber, l'« École de Nancy » marque de son empreinte, de la verrerie jusqu'au mobilier, un nombre considérable d'objets dont le décor est directement inspiré par la nature et ses formes courbes.
Après l’Exposition Universelle à Paris, en 1900, l’Art Nouveau est appelé péjorativement style nouille, en raison de ses formes caractéristiques en arabesques, ou encore style métro, du fait de ses liens avec la réalisation des bouches de métro parisiennes par Hector Guimard.
Après la première guerre mondiale, un nouveau mouvement artistique prend la relève en déformant les motifs de l’Art nouveau et en introduisant des formes plus géométriques : ce mouvement sera nommé a posteriori l’Art Déco (1920 – 1940).
Finalement, l'inspiration naturaliste de l'Art Nouveau fait que celui-ci est revisité durant les années 1960 par le mouvement hippie.
Principes
Les créations majeures de l'Art nouveau reposent sur quatre principes :
le rejet de l'académisme, qui se traduit par l'abandon de toute référence à l'antiquité grecque ou romaine
l'inspiration de la nature, qui se traduit par des formes sinueuses, des décors végétaux ou floraux, des influences japonisantes ou gothiques
la fusion entre arts majeurs et arts mineurs, c'est-à-dire décoratifs, qui se traduit par l'exubérance d'un décor omniprésent
l'engagement dans la lutte pour le progrès social, qui se traduit par l'ornementation des objets quotidiens les plus triviaux et se résume par la formule « l'art pour tous ».
Dans l’ensemble, l’Art nouveau est une affirmation de la foi dans un progrès continu, qui ignore toute interdiction, toute rupture, que ces dernières soient d’origine dogmatique, historique ou sociale. Poussée à l’extrême, cette aspiration à la liberté lui a valu comme analyse de voir ses objectifs assimilés à l’anarchie (la Revue blanche, 1892).
Un art «végétal»
L'Art Nouveau mêle matériaux anciens (pierre, bois, etc.) et matériaux nouveaux (acier), au départ pour rompre avec la tradition et avec le néo-classicisme ; il n'hésite pas à s'appuyer sur de nouvelles techniques (comme les pâtes de verre multicouches ou les lames de bois courbées, imprégnées de colle et exposées à la vapeur, mises au point par Michael Thonet vers 1850) afin de s'ancrer dans la modernité, mais aussi de mettre en valeur son objet. Enfin, il ne se donne pour objectif rien moins que de faire entrer l'art et la nature dans la vie quotidienne.
Ses innovations les plus importantes, cependant, concernent les formes, notamment celles du décor : en particulier, la feuille d’acanthe, élément jusque là privilégié du décor végétal, est remplacée par une foule de motifs végétaux et floraux jamais utilisés auparavant, tels que le coquelicot, la tulipe, le pavot, le nénuphar, etc. S’y ajoutent également de nouveaux motifs animaliers, bientôt caractéristiques, tels que la libellule ou le papillon qui tranchent avec les animaux « nobles » jusque-là exclusivement représentés. La femme, enfin, devient un autre motif privilégié, emblème suprême de la beauté : les silhouettes féminines d’Alfons Mucha orneront nombre d’affiches de théâtre avant que celle de la danseuse Loïe Fuller ne soit immortalisée sur le bouchon de radiateur ornant le capot des Rolls Royce.
La structure, également, est concernée par de telles recherches, qui tendent à repousser les limites de la créativité : l’œuvre majeure d’Antonio Gaudí encore inachevée, la Sagrada Familia fait montre d’une apogée en la matière.